des cavaliers de cecvan

des cavaliers de cecvan Cavalier King Charles Spaniel

Cavalier King Charles Spaniel

Des vrais traficants !!!!

Actualité publiée le 30/04/2019
Après l'annulation – sous la pression du public – de la vente aux enchères en Mayenne de 300 chiens et chiots par lots, 200 d'entre eux ont été cédés à un seul acheteur. La Fondation 30 Millions d’Amis dénonce cette vente à l’un des plus grands élevages canins français. Depuis, elle a reçu de nombreux témoignages de personnes ayant travaillé dans des établissements de ce type qui considèrent les animaux comme des marchandises génératrices de profits. Accablant.




Pinschers, Yorks, Cavaliers King Charles, Cockers, Golden retrievers, Labradors, Jack Russel, Cotons, Bassets ou autres Beagles…. La France compterait plusieurs dizaines d’"élevages-usines" autorisés par agrément préfectoral à détenir plusieurs centaines de chiens, de plusieurs races – parfois jusqu’à 30 différentes !















Maud témoigne de sa terrible expérience dans un élevage-usine de chiens. © Vidéo Fondation 30 Millions d'Amis

« Ce qui est impressionnant, quand on entre dans ces hangars, c’est le bruit, l’odeur… », raconte Maud* à 30millionsdamis.fr. La jeune femme a réalisé son apprentissage dans l’un de ces "élevages-usines", dans le cadre de sa formation à l’élevage canin dispensée à Bar-le-Duc (55). Elle reste profondément marquée par cette expérience. Plongée dans cet enfer, elle a été témoin de l’envers du décor et confrontée à ce que les acquéreurs ne peuvent soupçonner lorsqu’ils achètent un chiot dans ces élevages ou en animalerie.

Entre 300 et 500 chiens adultes, des chiots « un peu partout »

« Les clients directs, qui venaient pour acheter un chien, c’est la patronne qui s’en occupait, [dans] son bureau, bien à l’écart du chenil, où il était impossible d’apercevoir un seul box », explique Maud. Clément, qui a fait l'acquisition d’un chiot samoyède de 2 mois payé 1.300 euros à l’éleveuse, confirme cette opacité : « On a seulement vu leur salle d’accueil, où ils avaient déposé les chiots dans une cage. On a demandé à voir dans quelles conditions vivaient les parents, mais ça nous a été refusé. »

Nul doute que les terribles conditions de détention des animaux reproducteurs auraient découragé les clients les plus motivés. « C’est immense, raconte Maud. Entre 300 et 500 adultes […] et facilement une centaine de chiots un peu partout ». Un véritable enfer pour ces animaux entassés dans des espaces réduits : « C’est une surpopulation, avec deux à trois chiens dans un même box, précise la jeune femme. Ce qui est très exigu pour eux, surtout qu’ils y sont enfermés du matin au soir ! C’est invivable au quotidien. ».

Les chiens ne sont que des « numéros »






 

 

Toutes les semaines, on devait ramasser les chiots morts.


 







Dans l'établissement qui l'a recrutée, « tout était choquant. La façon de traiter les chiens, c’était très clairement de l’usinage, déplore-t-elle. Ils sont des numéros. » Un fonctionnement industriel que confirme Vanessa, une ancienne stagiaire : « C’était répétitif, comme à l’usine. On passait dans les files énormes de boxes, on regardait vite fait [si les femelles avaient] leurs chaleurs, on leur donnait à manger, et on ramassait la crotte. »

Dans ce type de structure, le manque d’humanité est patent : « On avait 1 min 30 à peine pour chaque box, se souvient Vanessa. On y passait dans la journée pour le nettoyage, et le reste du temps on avait d’autres tâches, comme broyer du papier pour le mettre en guise de litière aux chiots ». Toute marque de tendresse à l’égard des animaux est considérée comme superflue, voire proscrite : « Le soir, on attendait que [la gérante] soit couchée pour aller caresser les petits, raconte-t-elle. Mais il y en avait tellement… On n’avait pas le temps. Et on avait peur de se faire punir, car c’était interdit. »

« Un mouroir à chiens »






Tous les témoignages recueillis s’accordent également sur un point crucial : ces lieux ne sont pas synonymes de vie, mais de mort. « C’est ce que j’appelle un mouroir à chiens ! », frissonne encore Vanessa. Un cauchemar qui a aussi traumatisé Maud : « Toutes les semaines, on devait ramasser les chiots morts. » Une surmortalité inhérente à ces structures, en partie causée par la reproduction anarchique des chiens, et par des installations inappropriées : « Les boxes de maternité étaient beaucoup trop exigus pour les chiennes, très souvent cela menait à des écrasements, précise Maud. Il y avait beaucoup trop de chiots [par] chienne, [car] quand il y avait deux mises-bas de la même race, on mettait tous les chiots sur une seule maman »... L’autre femelle repartait ainsi dans le circuit des saillies.

Une reproduction anarchique, jusqu’à la mort

Retenant ses larmes, Maud témoigne de la mise-bas cauchemardesque d’une chienne coton de Tuléar : « Elle n’arrivait plus à pousser. Elle était épuisée et elle souffrait énormément, se souvient la jeune femme. Le chiot était coincé à l’entrée de la vulve. J’ai essayé tant bien que mal de l’aider, il n’y a rien eu à faire. ». La responsable de l’établissement refuse alors d’appeler un vétérinaire, et fait pression sur son apprentie. « Elle m’a poussée à arracher le chiot, en me disant que je n’étais qu’une bonne à rien et qu’il fallait que je m’endurcisse. Elle [l']a tiré de toutes ses forces. La chienne a hurlé, ça été l’enfer. » Le bébé est mort-né, et la mère « n’était plus un animal, mais un objet, s’indigne Maud. C’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé voir un jour dans un élevage. » « Les femelles produisaient à chaque chaleur, jusqu’à l’âge de 8 ou 10 ans », corrobore Julie*, apprentie dans cet établissement entre 2011 et 2014.

La parvovirose emportait la moitié des chiots, les survivants étaient vendus malades

L’échelle industrielle de l’exploitation rend celle-ci particulièrement vulnérable aux pathologies contagieuses : « Au moins une fois par an, la parvovirose sévissait dans l’élevage. La moitié des chiots [en] mouraient, c’était très violent », se souvient Maud. Quant aux survivants, ils semblaient quand même vendus, au risque d’être porteurs de la maladie. Aux acheteurs qui s’en plaignent, la Direction assure le "service après-vente" : « Notre dortoir était juste à côté du bureau de la patronne, on entendait les appels qu’elle recevait. Tous les soirs, on l’entendait dire : "je vais vous le rembourser" », confie la jeune femme.

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Tout était choquant. La façon de traiter les chiens, c’était de l’usinage. Ils sont des numéros.


 



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En cas de pathologie, plutôt que d’appeler un vétérinaire, les gérants ordonnaient aux employés et aux apprentis de traiter eux-mêmes les animaux : « Le vétérinaire ne venait que pour faire des échographies, je ne l’ai jamais vu venir pour autre chose, raconte Maud. On devait se débrouiller, on avait un frigo avec tous les produits qu’il fallait, tous les médicaments possibles et imaginables ». Une affirmation que corrobore Julie : « Le vétérinaire ne venait que pour les échographies, et la veille des salons [animaliers] pour faire les certificats de bonne santé des chiots. Le reste, c’était nous. ».

Pire, « les vaccins étaient faits directement sur l’exploitation par les employés de l’élevage ou les apprentis », assurent les témoins. « Il y avait une employée qui se chargeait des vaccins, et on les faisait nous-mêmes lorsqu’elle n’était pas là. ». Une pratique strictement illégale si elle était avérée, comme le confirme à 30millionsdamis.fr l’Ordre régional des vétérinaires d’Ile-de-France : « Les vaccins sont des actes qui ne peuvent être pratiqués que par un Docteur vétérinaire ».

Un pédigrée douteux

Vanessa, qui dit avoir assisté à un contrôle des services vétérinaires lors de son stage, soulève un profond dysfonctionnement : « Ils rentraient dans le bureau de [la gérante], ils buvaient le café et ils repartaient, ils ne rentraient jamais dans les [bâtiments] d’élevage. ». Selon Maud, de problèmes se posaient en particulier concernant le pédigrée des chiens : « Lorsque les chiennes non confirmées [car trop jeunes] ou non LOF avaient des chiots, la portée était déclarée sur une autre chienne. On voyait que le numéro de tatouage n’était pas le même sur le carnet. »

« Pour certains chiens, il n’y a pas de suivi vétérinaire à l’élevage, confirme à 30millionsdamis.fr la bénévole d’une association qui a récupéré plusieurs femelles reproductrices d’élevage. Cela se voit sur les carnets de santé, qui ne sont pas correctement remplis. ». Parmi les chiens recueillis par l'association et placés en famille d’accueil – pour la plupart très craintifs –, trois présentaient de graves problèmes de santé : tumeurs mammaires, hernie inguinale, et cancer généralisé. « La dernière, on l’a tenue à bout de bras pendant six mois, puis elle est décédée, son foie ne marchait plus. Au moins, elle est partie entourée », se rassure la directrice de l’association.

Entre l’euthanasie et une vie derrière des barreaux

« Je ne sais pas ce qui est le pire, entre l’euthanasie et [un tel élevage] », s’interroge Maud à propos de ces chiens qui passent « leurs journées derrière des barreaux, sans jamais voir rien d’autre que leur gamelle, un congénère placé dans le même box et quelqu’un qui vient juste nettoyer ». « Je compare un peu ça à de l’esclavage », conclut-elle.

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